Histoire
Charles-Albert Keller (1876-1940)
Charles-Albert Keller (1876-1940)
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Ingénieur des Arts et Métiers
Angers 1890
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Industriel
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“... Certaines missions dans la vie ne connaissent pas de retraite. Elles doivent naturellement se prolonger en vertu d’une tacite reconduction de l’existence et de soi même. Leur cessation n’est pas à notre propre gré...”
(Ch.-A. Keller)
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Charles-Albert Keller (An. 1890) est Lorrain d’origine. Mais c’est à l’École des Arts et Métiers d’Angers et non à celle de Chalons qu’il entre. Dès sa sortie, il débute dans un Bureau d’Études de construction maritime (?) de la Région Parisienne. Mais en 1896, il est attiré par une “Société d’Ingénieurs-Conseils en Électrométallurgie” créé par M.Gin (Ch.1876). Ce sera déterminant pour la suite de la carrière de Keller.
Car à cette époque l’électrométallurgie, à ses débuts, balbutie. Tout (ou presque) est à créer ou a sérieusement améliorer. Keller s’y emploiera. Après quelques fours construits, de nombreux tâtonnements, encore plus de vicissitudes, il met au point un four qu’il brevette à son nom. Associé à Leleux il expérimente son invention en Bretagne au bord du Blavet, dans une installation de puissance modeste (2,40 m. de chute), vouée à la fabrication du carbure de calcium. Dans ces conditions précaires, il parvient néanmoins, à produire quelques ferro-alliages dont un ferro-chrome utilisé dans les blindages d’artillerie. Et de “l’acier au four électrique”. C’est ce dernier produit certifié par des essais chimiques et mécaniques qu’il présentera au 1° Congrès de la Houille Blanche en 1902 à Grenoble.
Ce voyage à Grenoble sera tout aussi déterminant. Car il trouvera dans la vallée de la Romanche, les conditions requises pour l’installation de ses fours. Profitant d’un imbroglio juridico-politique, il loue en 1902 à Livet une usine de fabrication de carbure de calcium dont l’exploitation est arrêtée. Il la transforme pour ses besoins, avec son savoir-faire. Ainsi s’amorce l’aventure industrielle de Ch.-A.Keller qui durera un demi-siècle.
À partir de là, la Société Keller & Leleux S.A. au capital de 3,5 millions de francs est créé en 1906. Keller affirme sa spécialité “d’électrométallurgiste”, expérimentant et produisant de nouveaux alliages, améliorant la conception des fours et leurs performances jusqu’à la mise au point de la “réduction du minerai de fer” réalisant, ainsi, le haut-fourneau électrique. Cette dernière technique sera largement utilisée lors de la 1° Guerre Mondiale durant laquelle 120.000 tonnes de ferrailles et tournures d’acier seront acheminées jusqu’à Livet par le petit train à voie métrique, puis transformées en fonte synthétique, et enfin coulées en obus. La mise en place de cette production nécessita la construction de la jolie Centrale des Vernes capable de 7.500 cv.
La paix revenue, Keller poursuit son oeuvre, développant ses produits métallurgiques et par conséquence, accroissant le potentiel hydroélectrique du domaine de la Moyenne Romanche. Il construira en quelques années les Centrales de Baton 1 (1100 m. de chute), Baton 2 (580 m. de chute), du Lac Mort de Laffrey, de la Roizonne. Tout cet ensemble sera connecté au réseau de la Haute-Romanche et du Chambon. En 1938, la Société Keller & Leleux, disposera d’une puissance installée capable de 125.000.000 de KWH dont 60.000 absorbés par les installations métallurgiques et le reste, 65.000 par la ville de Grenoble. La réussite industrielle de Ch.-A. Keller est imposante.
Mais il faut aussi parler de l’Homme Public : Ch.-A.Keller. On l’a vu participer à la vie de la Société des Ingénieurs des Arts et Métiers dans le cadre du Groupe local, interpellant le Comité ou devenant partie influente dans l’organisation des Congrès. Il faut aussi le voir, membre très actif de la Chambre de Commerce de Grenoble durant trente ans, où il y devint l’initiateur de grands projets : l’aéroport de Grenoble, la Maison du Dauphiné à Paris. Toutes ces activités réussies lui valurent , par Grades successifs, la distinction de Commandeur de la Légion d’Honneur.
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Certes, Ch.-A. Keller était “le” capitaine d’industrie à l’autorité incontestée qui depuis son bureau promontoire avait la haute vue sur l’enfilade de ses fours et en surveillait le bon fonctionnement.
Mais il reste aussi le créateur de la Centrale Électrique des Vernes dont l’architecture démontre, à l’évidence, que fonctionnalités et esthétique ne sont pas forcément antinomiques.
Et, plus discrètement , l’un des donateurs des vitraux de l’église paroissiale de Livet. L’un d’eux représente la Sainte patronne du village protégeant la vallée et son torrent, les fours électriques crachant leurs fumées, et, ultime signature, un minuscule portrait de Ch.-A. Keller.