Histoire

L'histoire du groupe des Alpes dauphinoises

Texte de Jean Serres, Aix 44 résumant les évenements qui ont jalonné la vie du Groupe des Alpes Dauphinoises jusqu’en 1990.


Histoire est un bien grand mot. Parlons plutôt de références au passé qui nous sont parvenues oralement ou par écrit.

     Il revient à Bourdillat (Chalons 1850) l’honneur d’être le premier cité en 1886, d’abord comme correspondant de la Société des Ingénieurs des Arts et Métiers (fondée en 1846) pour le département de l’Isère. Puis en 1897 comme premier Président du Groupe. De 1902 à 1916, Lacorre (Aix 1883) et Sappey (Aix 1863) assurent la Présidence. En 1916, Joseph Riboud (Aix 1886) prend le relais et le 3 Mai 1919, fonde avec le doyen Sappey et le benjamin Peyrot (Aix 1905) le Groupe Dauphiné-Savoie qui couvre, alors, quatre départements : les deux Savoie, les Hautes Alpes et l’Isère. En recherche de stabilité et de notoriété, le Groupe ouvre un “Cercle A&M” au centre de Grenoble. En 1926, Viallis (Aix 1890) succède à Riboud. Garabiol, (Aix 1893) prend la suite en 1929 et garde la Présidence jusqu’en 1940. C’est durant cette dernière période qu’en Octobre 1937, les deux Savoies deviennent autonomes et s’organisent en deux groupes distincts. Le Groupe Dauphiné -Savoie adopte, alors, sa dénomination actuelle. Il a donc fallu cinquante et un ans pour que le Groupe trouve la physionomie que nous lui connaissons aujourd’hui.

     Cette période de 1920 à 1940 a été très féconde pour la valeur ajoutée à notre Société. Durant cette période le Groupe a organisé en 1921, la “7° Réunion périodique du Comité en Province. L’ordre du jour en avait été proposé par Keller (An. 1890) dont l’activisme Gadz’Arts ne fait aucun doute. Puis deux Congrès le premier à l’occasion de l’Exposition de la Houille Blanche en 1925, le deuxième en 1938. En 1933 au nom de sa Commission de Groupe, le Président Garabiol a fait au Comité une proposition qui, probablement avec d’autres, a été étudiée durant le Congrès de Grenoble de 1938, centré sur le régime de nos Écoles.

     Mais, au titre de la valeur affective et pour illustrer l’esprit qui animait nos Anciens, il faut citer Viallis qui en tant que Président et pour répondre peut-être à des critiques écrivait vers 1926 : “Pris dans son sens abstrait, l’égalité est un vain mot. Il n’est pas admissible que l’effort demandé à nos jeunes Camarades soit le même que celui d’un Camarade plus âgé. Les contributions demandées doivent être proportionnelles aux ressources de chacun. Il s’établit un roulement qui permet aux jeunes de remplacer les Anciens sans heurts dans l’effort commun fait pour le bien de tous”. Belle leçon de solidarité...!

     Remercions nos Grands Anciens : Présidents, Secrétaires, Trésoriers qui ont su consigner avec patience et de belles écritures calligraphiées sur de grands cahiers quadrillés, les comptes rendus de réunions, les Assemblées Générales, les bilans financiers. Leur conscience collective obstinée a fait de notre Société ce qu’elle est. Pour une bonne part nous leur devons ce que nous sommes.En 1940, Sylvestre succède à Garabiol et garde la Présidence du Groupe jusqu’en 1946.

     Le texte qui précède n’aurait pas pu être écrit sans le témoignage des Camarades : Philibert et Lafond (Ai.1886), Sylvestre (Cl.03), Guion (Ch.07), Loignoz (Cl.21).

     Merlin (Aix 1898) prend, en 1946 la Présidence d’un Groupe qui rassemble, environ 230 inscrits. Ouvrons ici une parenthèse pour les curieux. Si l’un d’entre eux se déplace jusqu’aux Archives Départementales de l’Isère, il trouvera dûment répertoriés quelques livrets format A5, reliés dans une jaquette recouverte d’une pellicule d’aluminium où s’étale un gros titre en caractères rouges : “Alpes Gadz’Arts”. Ce sont quelques exemplaires du bulletin de liaison que publiait le Groupe, sauvés du pilon par le décret du “dépôt légal” instauré après la guerre. Cette publication, portée à bout de bras par une publicité de soutien, rapporte fidèlement les activités de l’époque : réunions mensuelles, repas trimestriel, bridge (le mercredi), soirée dansante, sortie de printemps (avec rallye auto), des bilans (nous avons choisi celui de 1950) et LE banquet annuel clôturé par des discours.

     Mais aussi des débats, sur les Traditions, suite à une méchante affaire survenue à Chalons. Et enfin, le débat majeur des années 1948/49 qui pourrait s’appeler la “bataille de la Quatrième Année” qui, en Dauphiné comme en France suscita beaucoup d’articles et de discours.

     Il y avait les pour (plutôt en Isère), les contre (surtout en Drôme-Ardèche), les dubitatifs (un peu partout). En diversion, un de nos Camarades défendait une proposition curieuse: celle de l’École Unique. La première année se ferait pour tous à Angers, Aix ou Chalons (à tour de rôle), la deuxième année à Cluny, la troisième à Lille, la quatrième à Paris. On ne l’a pas suivi... Un article intitulé “Les Gadz’Arts en mal de Culture” paraissait dans “Alpes Gadz’Arts”, pastichant en vers approximatifs une fable connue de La Fontaine. Cet article attira l’attention de tous, autant par la personnalité de l’Auteur que par la forme inattendue de cette prise de position. On l’appela la Parabole du Lion.

     Finalement, la conclusion revenait au Président Merlin qui en fin de mandat constatait avec satisfaction :

     “...1950 fut une des années les plus marquantes de notre Société puisqu’elle vit la réalisation d’un voeu cher à la majorité : la 4° Année et permit d’affirmer aux yeux de tout le Pays par la construction de la Maison des Gadz’Arts, la puissance de la solidarité qui nous anime et la valeur de notre formation et de nos disciplines. Nous sortons donc grandis de cette victoire sur la routine et l’apathie après avoir démontré à cette occasion toutes les réserves de forces vives contenues en nous...”

     Rappelons que la participation financière du Groupe des Alpes Dauphinoises à la construction de la 4° Année, s’est élevée à 20.000.000 frs (soit environ 360.000 frs 2000 ).

     En 1952, Jaffrennou (Angers 04), succédait à Merlin qui, poursuivant son militantisme d’Ingénieur allait fonder la même année, la Maison des Ingénieurs Dauphiné-Savoie. Cette Maison, sise au 34, Avenue Félix Viallet, comportait Salles de Réunions et Restaurant et rappelait le Cercle des Ingénieurs Arts et Métiers de la Rue de la République, cher aux Anciens de la Houille Blanche : Keller, Ferrand, Sylvestre et Merlin.

     En 1954, la publication “d’Alpes Gadz’Arts”, s’est arrêtée. Probablement à cause de la charge financière qu’elle représentait, mais aussi de la somme de travail qu’il fallait lui consacrer. Rappelons que durant ce que les économistes ont appelé les “Trente Glorieuses”, l’Industrie ne laissait guère de loisirs. Le dernier exemplaire “d’Alpes Gadz’Arts” est paru en Juillet 1954, il porte le numéro 195 et avoue 29 ans d’âge. C’est dire qu’il avait été créé en 1925, l’année du Congrès de la Houille Blanche ... et du Congrès des Arts et Métiers à Grenoble.

     À partir de là, toute trace écrite manquant, il faut s’adresser aux “griots” (il en reste encore). Pour autant qu’ils se souviennent, les grandes questions que posaient la Société ou les événements touchant l’École, soulevaient les mêmes débats. Pour mémoire... Le (ou les) financements multiples (de la maison de la quatrième Année à la rénovation des Chambres d’élèves)... Celui de l’Union des Ingénieurs (il revient périodiquement)... Concours d’entrée à l’École à bac+1 ou bac+2... Accessibilité au Titre d’Ingénieur A&M par la Formation continue... Statuts de l’École...

     En 1972, suite à la création du Comité Rhône-Alpes, le bulletin du Groupe de Lyon devient “Rhône-Alpes Gadz’Arts”, mensuel à l’usage des Groupes du Rhône, de l’Isère, de la Drome-Ardèche et des Deux-Savoies. L’information renaît.

     En 1973, l’Union des Ingénieurs Dauphiné-Savoie,restée en somm eil quelques années,est relancée par Paul Marion (Paris 30) sur les mêmes bases : accueil, secrétariat, réunions, restauration. Elle est installée dans des locaux flatteurs, très “Hausmaniens”, 9, Rue Cornélie-Gémond.

     Grosse activité en 1976. Cette année là, le Groupe des Alpes Dauphinoises organise le Congrès annuel les 16 et 17 Octobre. Les participants, se sont accordés pour le trouver réussi. À leur dires, certains auraient ressenti le souffle de “l’Esprit de Vizille” , car grâce à un sujet de débat porteur, les Élèves des Écoles, les Jeunes Promos et aussi nos Épouses ont pu, à la tribune, faire une expression directe très remarquée. En point d’orgue, une soirée de Gala a réuni au palais des Sports de Grenoble plus de 800 participants.

     Durant la décennie 80, le Comité Rhône -Alpes suspend ses activités, le bulletin Régional cesse sa diffusion et l’U.I.D.S. se replie , avec des dimensions plus modestes mais essentielles, dans les locaux d’un organisme de retraites.

     Bien que le Cinquantenaire du Groupe ait été fêté vers 1938, le Centenaire est passé inaperçu. Réservons nous pour le Cent Cinquantenaire. D’ici là, il faudra trouver un autre “griot” pour raconter l’Histoire du Groupe, car , bien entendu, elle ne s’arrêtera pas là...

     griot : n.m. En Afrique noire, membre d’une caste de poètes musiciens. in “Le Petit Robert” N.B. -